NOS LIENS INVISIBLES
L’évolution de la vie sur Terre ne peut se résumer à la survie du plus apte.
Avant tout, nous devons l’évolution de la vie à la coopération. C’est parce que certains organismes primordiaux - très différents - ont mutualisé leurs compétences qu’ils sont devenus beaucoup plus performants. La coopération a changé le cours de l’évolution de la vie, lui faisant atteindre de plus hautsniveaux de complexité et d’organisation.
Nous commençons tout juste à comprendre l’immense puissance des réseaux d’interactions et d’interdépendances qui existent entre les organismes vivants. Ces interactions se retrouvent à toutes les échelles. Au sein même de chacune de nos cellules, nos petites centrales énergétiques appelées mitochondries sont de très lointaines inclusions de bactéries. Il en est de même pour les plantes. Elles sont les championnes de l’alliance. À tous les niveaux. Elles doivent notamment leur faculté spectaculaire d’exploitation des sols à leur coopération intime avec des champignons qu’elles hébergent dans ou autour de leurs racines, les nourrissant en retour.
Grâce à ces associations, les plantes tissent entre elles des milliers de kilomètres de microconnections que les scientifiques appellent le Wood Wide Web. Mais les plantes font encore mieux ! La plupart d’entre elles confient leur reproduction aux insectes qu’elles séduisent et récompensent à l’envi. Bactéries, plantes, champignons, animaux, le Vivant de notre planète est interconnecté. Or, l’être humain, mu par son besoin incessant de se singulariser par rapport au reste du monde, l’a longtemps et beaucoup ignoré.
Quand Darwin, étudiant la luxuriance des milieux tropicaux où toutes les richesses abondent, prônait la compétition comme moteur de l’évolution, d’autres scientifiques étudiaient l’incroyable résilience des organismes vivant en milieu austère, voire hostile, où la croissance n’est possible que par l’alliance et la coopération.
Cette quatrième édition du festival nous invitera à explorer les fascinantes interconnections du Vivant et à redécouvrir la pluralité et la richesse des liens entre l’Homme et celui-ci.
À travers des spectacles, films et documentaires, conférences, expositions et ateliers pratiques, nous cultiverons la sensibilité, la connaissance, l’imaginaire et l’émerveillement pour nous enraciner plus étroitement dans le monde vivant pour reconnaitre et renouer nos liens invisibles.
Valérie Baran, directrice du Tangram
